Il faisait noir, une pluie glaciale goutte d’eau hivernale ruisselante sur une peau blafarde, le regard chargé de crainte de cet imprudent.
Cela faisait déjà un bon moment qu’ELLE l’observait de la cime de ses arbres. Il tournait en rond. Même de cette hauteur l’appréhension se lisait dans son regard. Perdu dans le labyrinthe de sa foret, perdu dans les méandres de son esprit. ELLE voyait son regard. Un regard qui verra la mort sous sa forme la plus barbare.
Terreur.
Les yeux de cet imprudent ne voyaient que le mal qui rongeait le fragile tissu de son existence. Il luttait pour garder sa contenance, dissimulant le fait qu’il n’était plus qu’une bête apeurée. Le regard droit devant, ne pas se retourner, esquiver la raison de sa terreur.
ELLE sautait de branche en branche, silencieux, inexistant. Le suivait inlassablement, le chassait. Les pas de l’imprudent se faisaient plus rapide. évitant que la pénombre de sa foret ne le rattrape, ne l’engloutisse dans un de ses recoins d’ou il ne sortira jamais, digéré par ces viscères végétales.
ELLE esquissa un sourire devant cet être insignifiant, le reflet d’un enfant apeuré.
Il pensait sans doute que le danger venait de Sa forêt, mais ignorait sans doute que son âme a ses propres pièges.Elle le sentait maintenant complètement perdu, perdu dans son royaume, perdu dans ses propres pensés. Le temps de le soulager de ses tortures était venu.
ELLE le voyait comme un ennemi perdu dans un monde qui lui était hostile. Etre sur de ce qui doit se passer, quand la vérité est détenue, elle n’est plus qu’évidence.
Il était un ennemi dans son monde. Elle le méprise et il le sait. Cet égaré devenait maintenant l’image de l’ennemi absolu. Une bête que l’on nomme légion, une chose qu’on appelle le mal.
Etre l’esclave de son ennemi. Son existence ne dépendait que de cet âme perdue , elle doit être supprimée par un acte barbare et libérateur Son engagement envers son royaume était pur. Sa dévotion était totale.
Une grande inspiration fut prise, etELLE sauta du haut de sa branche. ELLE se réceptionna juste dans le dos de cet esclave du mal. Il s’immobilisa. Resta ainsi, un moment, le regard droit devant, profitant des ses derniers instants ou la vie coulait encore dans ses veines avant de regarder son bourreau.
Elle attendit patiemment qu’il fasse lui même le geste.
Il n’a pas entendu les coups de sa lame lui déchirant la chair. N’a pas entendu ses suppliques.ELLE n’entendait que les sons de la purification. Le lâche repli du mal, la libération de son royaume souillé. ELLE admirait ce visage déformé par la douleur d’une lame qui transperce le cœur. et ce rire sardonique qui raisonnait dans les méandres de la foret. Puis le sien. Calme serein, attendant avec sérénité le coup de grâce, souriant a ce visage déformé par la haine, le reflet de ce qu’il avait de plus abject.
un hurlement.
Elissander se réveilla en sueur, essoufflée elle s’agrippa le cœur essayant de calmer la morsure ardente qui la tiraillait. Le regard apeuré elle scruta les murs de sa demeure. Tout était la et chaque chose à sa place. Pougnii releva brusquement la tête devant le cri de sa maîtresse, et enfoui de nouveau sa petite tete sous son aile, la voyant tituber vers la rambarde pour prendre l’air..